Le 13 juin, la Suisse votera sur la loi sur le CO2, suite au référendum lancé par les lobbies pétroliers et automobiles. Greenpeace s’engage de toutes ses forces en faveur de la nouvelle loi, même si celle-ci ne vas pas assez loin. La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga recommande également de voter oui.

Mme Sommaruga, quel est l’aspect le plus progressiste de la loi sur le CO2?

Ce qui est nouveau, c’est que la loi impose des mesures de protection du climat dans le trafic aérien. Nous allons introduire une taxe sur les billets d’avion, selon le principe du pollueur-payeur. Les personnes qui font moins d’un vol européen par an obtiendront une ristourne. Tandis que celles qui prennent souvent l’avion, et pour de longues distances, paieront plus cher. Cette taxe profitera donc à la grande majorité des personnes, y compris aux familles. Elle permettra aussi d’alimenter un fonds pour le climat. Les moyens de ce fonds seront investis dans un avenir respectueux du climat. Par exemple dans le développement des trains de nuit et des bus électriques dans les transports publics. Un progrès pour la population, et aussi pour le climat.

En adoptant la nouvelle loi, quel signal la Suisse enverrait-elle?

Un vote positif nous donnerait une perspective en tant que pays. Je souhaite que la population suisse ait l’ambition de jouer un rôle pionnier en matière de climat, avec la recherche scientifique et les entreprises. En comparaison avec le Danemark ou la Suède, on constate que la Suisse peut faire mieux. Nous avons ce qu’il faut pour réussir: des esprits brillants, des moyens techniques et une population très sensible à la protection du climat et de la nature. Notamment grâce à l’engagement des organisations environnementales. Si nous respectons les engagements climatiques de l’accord de Paris, la Suisse restera un partenaire fiable sur la scène internationale, capable de faire la différence en matière de protection du climat. Le rejet de la loi affaiblirait cette position.

Quelle serait la situation si le projet de loi échoue aux urnes?

La loi actuelle resterait en vigueur, qui n’est pas suffisante pour atteindre nos objectifs climatiques. Il n’y aurait pas de taxe sur les billets d’avion ni de fonds pour le climat, qui permettrait aussi de soutenir les travaux de protection contre les inondations et les glissements de terrain dans les Alpes. Ce serait une occasion manquée de faire le bon choix en prévision de l’avenir. Une attitude irresponsable, car la décennie en cours est cruciale. Aux personnes qui estiment que la loi n’est pas assez ambitieuse, je répondrais ceci: si ce projet est rejeté, les gagnants seront ceux qui veulent continuer à vendre leur pétrole et à faire des bénéfices. Le climat, la nature et les êtres humains seraient perdants.

En plus de la loi sur le climat, quels sont les autres projets à entamer d’urgence?

La transformation de notre approvisionnement énergétique. L’ère du pétrole, du gaz et du charbon touche à sa fin. L’avenir appartient aux énergies renouvelables. Nous devons lancer une offensive solaire, en posant des panneaux solaires sur les toits des usines, des bâtiments scolaires, des hôpitaux, des granges, le long des autoroutes, partout où cela ne dérange personne. Si nous exploitons ce potentiel, l’énergie solaire produite sera supérieure à la production actuelle de l’ensemble des centrales nucléaires suisses. Et ceci sans générer de déchets radioactifs. La décarbonisation de la Suisse est une opportunité pour une économie respectueuse de l’environnement et pour des emplois porteurs d’avenir. La nouvelle loi sur le CO2 soutient cette transition.

Voici une vidéo détaillée présentant les raisons de voter OUI à la nouvelle loi sur le CO2 le 13 juin prochain.

Photo: © Anoush Abrar